• Les Alliances syndicales Internationales

    Depuis 2012, le GLI Paris facilite la création d’alliances syndicales internationales entre syndicats d’une même entreprise basés dans différents pays pour contrer le dumping social des entreprises multinationales qui affaiblit le syndicalisme en plaçant leurs entreprises en dehors de tout droit social et syndical. Sur demande d’un syndicat national, le GLI Paris s’appuie sur son réseau mondial pour identifier et mettre rapidement en réseau les syndicats de lutte existants sur une entreprise donnée afin qu’ils se coordonnent et interpellent l’entreprise ensemble.
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    Les travailleur·ses des brasseries Castel se coordonnent pour le droit syndical 

    En juin 2016, l’UITA (l’Union internationale des travailleurs de l'alimentation) mettait en place une plateforme intersyndicale spécialement dédiée aux travailleur·euses des brasseries en vue de faciliter la mise en lien des syndicats de divers pays et de favoriser l’identification de revendications et stratégies syndicales communes. En Afrique, la fédération syndicale internationale cible avant tout les multinationales AB InBev, Heineken, Carlsberg et Castel, afin de :

    • Construire une alliance syndicale internationale au sein de ces sociétés brassicoles
    • Soutenir les affiliés dans toutes leurs luttes pour les droits syndicaux
    • Travailler à la formulation de revendications communes
    • Exiger la reconnaissance des syndicats avec lesquels ces entreprises se refusent à dialoguer
    • Accroître la syndicalisation dans le secteur brassicole en Afrique 

    Mais les difficultés à entrer en contact avec les syndicats de certains pays clés réduisent la portée de l'Alliance. C'est le cas au Cameroun, où la multinationale Castel contrôle 90% du marché brassicole national. En 2022, le GLI Paris a appuyé la coordination l’alliance nationale des syndicats des brasseries du groupe à Yaoundé, Douala, Bafoussam et Garoua et à son intégration au sein de l'Alliance internationale. Diverses réunions ont été animées, afin de permettre aux délégués syndicaux de formuler des revendications communes à porter au sein de l'alliance syndicale internationale des brasseries telles que l'indexation des salaires sur l'inflation, la remise en place des cotisations salariales, le financement de réunions statutaires annuelles avec la direction générale de l'entreprise ou encore le paiement des heures supplémentaires.

    Les livreurs du groupe DPD s'unissent face à la sous-traitance généralisée

    En 2021, le GLI Paris a facilité la création d’une alliance syndicale internationale pour de meilleures conditions de travail au sein de l’entreprise DPD Group. Cette filiale du groupe français La Poste est présente dans un nombre croissant de pays, investissant dans la livraison de colis. Son expansion fulgurante, accélérée par la pandémie de COVID-19, s’est faite au détriment des conditions de travail aggravées par un recours à la sous-traitance de plus en plus systématique. Les contrats sont précaires, quand il y en a, les chauffeurs-livreurs enchaînent des journées de 12 à 15 heures, portent des charges dépassant largement la norme légale et sont géolocalisés à tout moment par l’application qui leur dit ce qu’ils doivent faire. Face à une direction locale qui refuse d’ouvrir le dialogue, le syndicat suisse UNIA a fait appel au GLI pour entrer en contact avec les syndicats d’autres pays. Quelques mois plus tard, une première action est organisée entre les syndicats suisse et français devant le siège de La Poste. Fin 2021, une alliance syndicale internationale se structurent autour de syndicats suisse, français, belge, italien, espagnol et turc avec l’appui de 2 Fédérations Syndicales Internationales du transport (ITF) et des services (UNI Global).

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    « Seuls, nous ne gagnerons pas. Si tous les livreurs DPD se mettent à bloquer des entrepôts comme on le fait en Suisse, ils seront obligés de nous répondre » Roman, UNIA, Suisse

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    « Nous devons nous organiser avec les autres livreurs au niveau européen, pour obtenir une amélioration uniformisée des conditions de travail dans nos différents pays » Arthur, livreur français.

    Les syndicats de livreurs se fédèrent face aux plateformes

    Le GLI Paris mène depuis 2017 une réflexion sur les nouvelles formes de travail liées à la digitalisation. Dans ce cadre, il a développé des relations privilégiées avec les collectifs de livreur·ses à vélo de différentes villes de France et dans d’autres pays d’Europe. Alors que les syndicats peine à se pencher sérieusement sur la question de l'affiliation de ces travailleurs auto-entrepreuneurs, le GLI a appuyé l’organisation de la première assemblée transnationale des livreur·ses en octobre 2018 à Bruxelles afin de :

    • Dresser un état des lieux européen des formes d’exploitations dont sont victimes les travailleur·ses de plateformes
    • Partager les expériences de luttes sociales et les améliorations concrètes obtenues par les collectifs de livreur·ses
    • S’organiser et agir à l’échelle européenne pour garantir des conditions de travail décentes pour toutes et tous
    • Rendre publique la dégradation des conditions de travail due au développement des plateformes.

    Réunissant plus de 60 coursier·es de 12 pays européens (Belgique, France, Allemagne, Royaume-Uni, Irlande, Italie, Espagne, Suisse, Autriche, Pays Bas, Norvège, Finlande) accompagné·es d’une vingtaine de syndicalistes et de chercheur·ses en appui ; cette assemblée a permis l’élaboration d’une stratégie commune de lutte contre les abus des plateformes et la création de la Fédération Transnationale des coursiers. Une liste de revendications communes a été dressée et un calendrier a été fait fixant les premières dates à venir d’actions simultanées dans plusieurs pays.

    Les syndicats d'STMicroelectronics se battent pour des droits avant des profits

    Entre 2014 et 2018, le GLI Paris a collaboré avec différents syndicats de l’entreprise STMicroelectronics sur la construction d’une alliance globale entre les syndicats de l’entreprise. La mise en réseau a d’abord commencé par la France et le Maroc, avant de s’étendre aux sites italiens, malais puis maltais. Partout, les syndicats ont partagé les histoires de luttes et de victoires sur chaque site ainsi qu’un état des lieux des revendications passés et présentes. Tous soulignent l’intensification de la production, les objectifs inatteignables et le non-respect des droits des travailleur·ses. Pour faire valoir ces revendications, les syndicats des 6 pays ont organisé une première action coordonnée au printemps 2016 à travers les mois d’avril et de juin soulignant la nécessité d’une stratégie d’investissement sur tous les sites. Depuis ces actions, un rapprochement de l’alliance syndicale a pu être fait avec la fédération syndicale internationale Industri’ALL. Plusieurs rencontres ont eu lieu à Genève en 2018 et 2019 où toutes et tous se sont retrouvé·es pour élaborer la suite des actions, étoffer et préciser les revendications communes et continuer à se battre ensemble pour améliorer les conditions de travail pour tous·tes.

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    Du Maroc à la Malaisie, en passant la France, l’Italie ou Malte toutes et tous portent la même demande : « 0 dividendes, tous unis pour changer la stratégie de ST ».

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    « Le jour où la DRH du groupe a vu les 5 syndicats français refuser de mener les négociations annuelles obligatoires tant que nous, syndicalistes marocains, n’avions pas été réintégrés, ça a vraiment fait la différence. Le lendemain, nous étions appelés pour revenir au travail » Youssef, syndicaliste marocain

    Dans les centres d'appel B2S, français et marocains ensemble contre le chantage à la délocalisation

    De 2012 à 2015, le GLI Paris a accompagné les syndicalistes des centres d’appel de la multinationale B2S dans le renforcement de leur organisation locale et dans la mise en lien à l’international. Au Maroc, le GLI a appuyé le développement de l’organisation des salarié·es et la coordination entre les 4 sites de Casablanca. L’importante répression syndicale à laquelle ils et elles ont fait face a été la première opportunité de front commun entre les syndicats d’un côté et de l’autre de la Méditerranée. Une première victoire pour la solidarité transnationale entre les travailleur·ses de B2S. Quelques années plus tard, les syndicalistes de B2S Maroc portent la création d’une Fédération Nationale des syndicats des centres d’appel qui appuiera par la suite la création de syndicats dans de nombreuses entreprises étrangères. En 2013, les syndicats français et marocains créent l’Alliance transfrontalière des salariés de B2S pour porter des demandes communes telles que la synchronisation des calendriers de négociations dans toutes les filiales et la représentation de tous les sites dans les comités décisionnaires (CCUES). Ils et elles visent une homogénéisation des conditions de travail pour lutter contre le chantage à la délocalisation. Les défis de l’Alliance Transfrontalière sont grands avec le rachat de B2S depuis 2017 par le groupe italien ComData opérant dans 14 pays. Depuis des liens ont été créé avec des syndicats malgaches, sénégalais...